«Les architectes doivent être les derniers remparts contre les inondations»
Même si Willy Borsus, Ministre wallon en charge de l’aménagement du territoire, nous précisait encore récemment que «le rôle des architectes est très important» dans la gestion post inondation, pour l’UWA, pas question qu’ils supportent seuls toutes les responsabilités.
Comment reconstruire après les inondations ? L’UWA plaide pour une approche intégrée et des pistes réalistes et concrètes tenant compte de la pratique quotidienne des architectes. Elle demande surtout une réflexion intégrée en amont.
Après la circulaire wallonne publiée le 23 décembre 2021 relative à la constructibilité en zone inondable et les référentiels dédiés au même sujet pour l’un et à la gestion à la source des eaux pluviales pour l’autre, le Commissariat à la reconstruction vient d’éditer son « Bilan de la gestion post-inondations et continuité de la reconstruction ».
Si l’Union Wallonne des Architectes tient à saluer le travail colossal de compilation, d’enquête et d’analyse réalisé, elle reste sur sa faim devant un certain manque de cohérence et surtout d’articulation entre les mesures proposées.
L’UWA est consciente du risque de nouvelles inondations à court et à moyen terme. Elle réclame un positionnement fort de la Région. « Nous sommes convaincus que nous ne reconstruirons plus comme avant , indique Fabrizio Tengattini, Président de l’UWA. Néanmoins, nous sommes réalistes : les techniques de construction ne vont pas radicalement changer du jour au lendemain. La solution passera par une approche intégrée. Une perspective d’avenir, une gestion globale, une étude approfondie des bassins versant ou des barrages,… Voilà ce que nous attendons. Les pistes amorcées doivent être greffées à notre pratique quotidienne et ne doivent pas rester dans un cadre théorique. Nous souhaitons que la Wallonie prenne ses responsabilités en la matière et qu’elle puisse rendre concrètes ces tendances. Les architectes doivent être les derniers remparts contre les inondations »
Interpellé sur la question, Willy Borsus, Ministre wallon en charge de l’Aménagement du territoire, n’a pas manqué de se montrer rassurant. « Le rôle des architectes est très important. En tenant compte des dimensions temporelles et économiques, on doit pouvoir tenir compte des possibilités techniques à mettre en œuvre pour diminuer les risques pour nos concitoyens. » Il a évoqué la définition des zones où l’on peut bâtir ou éviter de le faire, la manière de construire dans un endroit où on considère que le risque de débordement ou de ruissellement est acceptable, le choix de l’implantation des bâtiments et leur configuration pour permettre l’écoulement des eaux, ou encore le choix des matériaux et leur perméabilité.
« Je suis fréquemment en contact avec des architectes, ajoute Willy Borsus. Je constate beaucoup d’expertise, de volonté de répondre à ces défis et à ces enjeux. Ensemble, en se basant sur les conditions décrétales et règlementaires, sur les référentiels et en dialogue avec nos services et les services communaux, nous pouvons répondre à ces enjeux importants. Nous devons être attentifs à ces évolutions et à préserver nos concitoyens des risques, en préservant les zones non artificialisées et en favorisant la création de bassins de rétention, avec notre intelligence collective de passionnés d’aménagement du territoire, comme le sont les architectes ».
« D’accord avec ceci, conclut Fabrizio Tengattini. Mais à condition qu’une démarche globale soit mise en place en amont sinon tout ceci n’aura pas l’effet désiré.»
