Inondations : les architectes
aux côtés des sinistrés

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Inondations : les architectes, sur le terrain

Face à l’ampleur des dégâts provoqués par les inondations, l’Union Wallonne des Architectes a décidé de rassembler des professionnels de la construction et de se rendre, en bus, au cœur des quartiers sinistrés. Objectif : aiguiller les habitants dans leurs démarches de reconstruction.

« L’humidité des murs atteint encore 90 % ! Quand est-ce qu’on peut replafonner ? Les champignons commencent à arriver, je vais les enlever par mesure conservatoire », lance cette habitante de Chênée, victime des inondations de juillet dernier.

« N’enlevez rien !, répond Jacques Manzan, architecte et expert-architecte présent cet après-midi-là dans le bus. Prenez des photos, puis soignez vos murs, je vais vous expliquer comment. Il faut impérativement attendre le passage de l’expert, qui doit venir au plus vite. Vous n’avez pas de nouvelles de l’assurance ? Il faut insister, vous payez, vous êtes dans votre droit ! Et surtout, faites appel à un contre-expert… »

Comme elle, des dizaines de sinistrés se sont rendus auprès des professionnels de la construction réunis à l’initiative de l’Union Wallonne des Architectes dans le but de leur venir en aide. Car face à l’ampleur des dégâts, l’UWA ne pouvait pas rester les bras croisés… Très rapidement après les intempéries, contacts ont été pris avec d’autres fédérations professionnelles. La Chambre de la Construction de Liège, la Confédération Construction de l’Arrondissement de Verviers, la Confédération Construction wallonne, le Fonds social paritaire de la construction Constructiv, le Collège national des Experts Architectes de Belgique et le Barreau de Liège-Huy ont décidé de s’associer à la démarche de l’UWA.

Objectif : réunir des architectes, experts-architectes, conseillers,… et se rendre sur le terrain pour rencontrer les sinistrés. « Le but : les aiguiller, les orienter dans leurs démarches administratives, répondre à leurs questions d’organisation et les conseiller en termes de reconstruction », explique Fabrizio Tengattini, Président de l’Union Wallonne des Architectes. « Nous avons lancé un appel à nos membres, une cinquantaine d’architectes bénévoles y ont répondu, disposés à apporter leur soutien aux personnes dans le besoin. »

Pour cela, l’UWA et ses partenaires ont bénéficié du Construbus, un bus équipé de bureaux appartenant au Fonds social paritaire de la construction. Son premier arrêt, il l’a fait à Verviers, le 10 août. Puis il s’est dirigé vers Angleur, Chênée, Rochefort, Nassogne, Chaudfontaine, Eupen ou encore Trooz. L’initiative s’est encore poursuivie durant plusieurs semaines, pour répondre à l’appel des communes qui en formulaient la demande.‍

« Il va falloir 20 ou 30 ans,
pour gérer les conséquences de ces inondations ! »

Volontaires et solidaires

Françoise Mirel – Architecte à Beaumont
Je ne suis pas de la région, mais je me suis dit que des confrères devaient peut-être eux-mêmes faire face à des problèmes dans leurs propres bâtiments, cela m’a donc paru logique de venir sur place, c’est mon côté boy-scout !

Les gens qu’on rencontre se plaignent beaucoup des assurances et des experts, ils trouvent que leur passage a été trop rapide et qu’ils ont reçu des conseils folkloriques.

Ils se demandent comment commencer les travaux, par quoi et quand ils peuvent le faire. Ils ont l’impression que des fissures se sont élargies. Donner un avis sans avoir vu le bâtiment, c’est compliqué, c’est parfois un peu touchy, mais on peut leur donner des pistes. Et on a le sentiment qu’ils repartent d’ici rassurés.


Romain Struman – Architecte à Liège
Suite aux inondations, je suis dans un premier temps allé sur le terrain aider les personnes sinistrées, de manière plus pratique, avec des brosses, etc. Ici, je trouvais que l’UWA lançait une belle initiative, et j’ai trouvé assez logique de répondre présent. Les gens viennent nous poser des questions, elles concernent souvent les assurances, les banques, les loyers,… On n’est pas spécialement formé pour cela, et c’est ce qui est parfois compliqué. Ils n’ont pas envie de se faire rouler, ils aiment avoir plusieurs avis. Vu que nous sommes indépendants, ils ont davantage confiance en nous.

Ce qui les inquiète également, ce sont les questions de stabilité. Ils veulent savoir s’il y a un risque d’effondrement à plus long terme. On peut déjà pas mal les rassurer s’il n’y a pas de problème apparent. On peut aussi les aiguiller vers des services spécifiques ou des experts.


Jaques Manzan – Architecte et expert-architecte à Seraing
Il va falloir 20 ou 30 ans, pour gérer les conséquences de ces inondations ! Au niveau urbanistique, mais c’est aussi catastrophique au niveau humain. Les assurances ne vont pas faire leur job à 100 %. Certaines personnes vont tout perdre.

Il est impossible de rester sans rien faire quand on voit les besoins de ces personnes… Je pense qu’il est important de mettre nos compétences d’architecte à leur service. Ce que je remarque, c’est que les gens ont surtout besoin de parler. Ils ne se sentent pas entendus par les autorités, par les assurances. Ils ne trouvent pas normal d’être traités si mal par leurs courtiers, alors qu’ils ont payé pour le service qu’ils demandent. Je ne suis pas surpris des questions qu’ils posent. En tant qu’expert, je connais un peu le monde de l’assurance. Les gens doivent faire valoir leurs droits, et c’est parfois ce qui est difficile.


Romain Struman, Françoise Mirel et Jacques Manzan se sont portés volontaires pour conseiller les personnes sinistrées, le vendredi 13 août à Chênée